Voyage essentiel

10:20 PM Anthony 4 Comments

 

Pas de Paris-Roubaix ce week-end. La dernière fois que la course avait été annulée, trois fois consécutivement, c'était lors de la deuxième guerre mondiale.

Je ne sais pas vous, mais pour mes grands-parents, leur vie avait été coupée en deux. Chaque fois qu'ils racontaient une histoire de leur vie passée, ils parlaient toujours de "avant la guerre" ou "après la guerre". Depuis le début de la pandémie, je me dis que le coronavirus et cet interminable confinement auront le même effet pour nous. D'ailleurs, dommage qu'ils ne soient plus là, car j'aimerais vraiment savoir comment notre 2020-21 se compare à leur 1940-45. Vous savez, les restaurants, les théâtres, les messes du dimanche... et toutes ces choses (non)-essentielles dont est faite notre vie au 21ème siècle.

Ce qui est certain, c'est que nous, on laissera des traces de notre confinement sur Strava: toutes nos petites performances et compétitions virtuelles. Lors de la prochaine pandémie, les athlètes confinés pourront comparer leurs performances à celles de leurs ancêtres.

Et bien figurez-vous que nous sommes des précurseurs dans la famille. Les fichiers Strava des arrières grands-parents viennent de refaire surface!


J'ai cartographié tout ça!
En 1940, le souvenir de la précédente guerre était encore frais dans les mémoires. Alors dès le 10 mai, les gens de Saint-Léger se sont organisés. Ils ont fuit. Ils ont attelé les chevaux, ils ont chargé ce qu'ils pouvaient sur les chariots, puis ils ont pris la route à pied. De nuit. Départ à 22 heures.

Ils ont fait étape 54 kilomètres plus loin, à Dun-sur-Meuse. On cherche toujours les archives Instagram, mais il est peu probable qu'ils aient logé dans une auberge 4 étoiles avec piscine. Quoiqu'il en soit, le lendemain, 12 mai, ils reprenaient leur grande vadrouille qui allait les amener quatre jours plus tard à Saint-Quentin-les-Marais, en Champagne.
Ils ont passé près d'un mois à Saint-Quentin. Puis le 12 juin, probablement pressés par la propagation du virus.... euh, pardon... par l'avancée des armées ennemies, ils ont poursuivi leur chemin vers le sud jusqu'à Fralignes, pas très loin de Troyes.
L'histoire ne dit pas ce qui les a poussés à faire demi tour. Mais le 20 juin, ils reprenaient la direction de Saint-Léger, où ils rentraient 7 jours plus tard. Pendant 5 ans ils allaient devoir vivre avec la présence du virus... non, de l'envahisseur.

En tout, un périple de 500 km. Kudos!
Nous, on fait pareil juste pour avoir l'air beaux sur Strava... tout en se plaignant des restrictions qui nous privent de tant de libertés. Comme quoi, on peut toujours faire confiance à nos (arrière) grands-parents pour nous remettre à notre place.

Ceci dit, pour Strava et quand nous serons déconfinés, j'ai trouvé un beau circuit: un pèlerinage de 500 bornes en flèche bleue.


You Might Also Like

4 comments:

  1. C'est fou cette histoire... De mon côté, c'est une migration forcée de Belgique vers l'Italie et un retour clandestin à pied d'Italie vers la Belgique mais je n'ai que des souvenirs de cette histoire transmise oralement quand j'étais petite.

    ReplyDelete
  2. @ Sylvie: Est-ce que je t'ai déjà expliqué l'histoire de ma collègue "italo-argentine", à Yale?
    Ses grand-parents ont migré d'Italie vers l'Argentine... via La Louvière. Après quelques années dans les mines, son grand-père a développé la silicose. Alors le médecin leur a conseillé d'aller trouver un horizon plus sain en Amérique du Sud.

    ReplyDelete
  3. Ben l’historien : pour la date du retour : le 18 juin 1940, un certain Charles De Gaule acte la capitulation française en appelant à la retraite sur l’Angleterre. Le 22 juin, la capitulation est signée dans un wagon de chemin de fer emprunté à la société d’un liégeois. Bref, tes valeureux gaumais se retrouvaient en France en terrain occupé car ils n’étaient pas suffisamment au sud que pour être en zone libre et donc tant qu’à faire autant rentrer chez soi.

    ReplyDelete
  4. Ah l'Histoire ! Et j'adore la belle calligraphie !

    ReplyDelete