La débâcle AstraZeneca
Dans notre malheur, on a eu de la chance: concevoir un vaccin contre ce coronavirus était finalement un problème simple à résoudre. Des étudiants en biologie moléculaire pourraient le faire: 6 semaines de travaux pratiques de génétique, 6 semaines de microbiologie, 6 semaines d'immunologie et les plus futés devraient avoir leur vaccin.
Ce qui est par contre plus compliqué, c'est de le préparer en qualité suffisante pour l'injecter à des humains, le tester dans la vie réelle, puis le produire à la tonne pour vacciner la planète. A ce jeux-là, Pfizer mérite les félicitations du jury et tous les autres s'en tirent avec plus que les honneurs! Tous... sauf un. Car il y a malheureusement ces boulets d'Oxford/AstraZeneca. Depuis le début, ils sont foireux. Et ils ne font qu'empirer.
La conception du vaccin d'abord. A la base, leur vaccin devait être à une dose... mais la réponse immunitaire induite était insuffisante, alors ils sont passés à deux doses. Pourquoi ont-ils raté là où Johnson & Johnson a réussi? J&J a pris le temps d'étudier la coronavirologie avant de se précipiter. Ils ont légèrement modifié le Spike dans leur vaccin pour le rendre plus stable et plus immunogène. Bien vu!
Deux doses... comme Sputnik V, alors? Oui, mais les concepteurs de Sputnik connaissent l'immunologie, alors ils ont utilisé des vecteurs différents pour la première et la seconde dose. AstraZeneca, pensez-vous qu'ils auraient pris cette peine? Sputnik V atteint donc les 90% d'efficacité. Je l'aime bien, ce vaccin Sputnik!
Ensuite, les tests. Normalement, dans un test dit "prospectif", on définit le protocol à l'avance, tout se fait en double aveugle, et la méthode d'analyse et d'évaluation est prédéterminée avant le début du test. Et surtout, on ne change rien en cours de route. AstraZeneca a fait tout l'inverse. Ils ont par erreur donné des demi doses à certains participants. Et ils ont espacé les doses de manière tout à fait aléatoire, en fonction du jour où ils étaient capables de produire du vaccin. Le résultat? Au lieu d'avoir un gros test avec des dizaines de milliers de participants, ils ont une collections de tests différents, chacun avec quelques milliers de participants. Et au lieu d'un test prospectif, ils font maintenant une analyse rétrospective: parmi tous leurs mini tests, ils choisissent celui qui donne le meilleur résultat. Si vous me demandez mon avis, leurs douze semaines entre les deux doses, c'est du hasard complet. Un "hasard" qui correspond justement à la manière dont le Royaume Uni avait décidé de vacciner. L'Europe a malgré tout approuvé le vaccin... mais en réalité, AstraZeneca aurait dû être renvoyé en seconde session.
A propos de seconde session, les américains ont décidé que pour être approuvé aux USA, le vaccin AstraZeneca devait être testé aux USA, sous la supervision des autorités américaines. Les mêmes autorités qui ont supervisé, ou suivi de près, Moderna, J&J, Novavax, Pfizer. Voici donc une occasion parfaite pour AZ de se rattraper!
Ce lundi, bonne nouvelle, avec un test bien conçu, AstraZeneca annonce par communiqué de presse une efficacité qui dépasse les attentes: 80%. Excellente nouvelle!
Sauf que... Quelques heures plus tard, au tour des autorités américaines, menées par Anthony Fauci, de lâcher un communiqué de presse: les données seraient obsolètes et non représentatives de l'efficacité réelle du vaccin. Les autorités demandent à AstraZeneca de corriger les chiffres dans les meilleurs délais.
Réponse d'AstraZeneca, toujours par communiqué de presse: d'accord, on va corriger dans les 48 heures.
Donc si on simplifie: AstraZeneca a tenté de tricher lors de son examen de seconde session!
Pour résumer:
- Le vaccin AstraZeneca est-il sûr? Très certainement et il n'y a aucune raison d'en douter
- Le vaccin est-il efficace? Incontestablement, mais on ne peut pas vraiment chiffrer cette efficacité
- Est-il aussi bon que les autres vaccins? Non, mais c'est parce que les autres sont vraiment excellents
- Les scientifiques d'Oxford et d'AstraZeneca font-ils preuve d'incompétence et de mépris? Aucun doute là-dessus!
Malgré tout ça, il y a une bonne nouvelle. Car pendant qu'AstraZeneca pollue les médias, Pfizer livre des vaccins. Sans faire de bruit. Et ce sont des vaccins fantastiquement excellents.
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